Il n'y a pas d'empathie sans sensibilité; il s'agit d'une forme d'intelligence qu'on peut apprendre à réguler. Voici quelques pistes d'experts afin de nous accompagner au mieux nous-même, mais aussi dans notre rapport aux autres.

Qu'est-ce que l'empathie ? Dans le sens d'un ressenti personnel, ce mot désigne la reconnaissance d'une partie commune vers un autre individu.

Il faut cependant distinguer l'empathie cognitive, qui est la capacité de comprendre les pensées, les croyances et les sentiments d'autrui, de l'empathie émotionnelle, qui est la faculté intuitive à ressentir ce que l'autre ressent.

Cette dernière est un processus plus profond qui implique non seulement la reconnaissance des émotions des autres, mais aussi leur partage. Certains distinguent encore une troisième forme: l'empathie compassionnelle, qui implique de comprendre et de ressentir les émotions d'autrui, mais aussi de vouloir agir pour aider.

L'empathie est le socle commun de toute relation. Elle nécessite forcément une identification à autrui, mais qui est seulement partielle. L'empathie comprend aussi de la sympathie, qui signifie, de manière littérale "participer aux sentiments d'une autre personne". Quand elle se traduit par de la bienveillance et de la sollicitude envers autrui, elle est nommée sympathie empathique. 

L'empathie est une médiation intuitive. Elle est profondément ancrée dans le vécu et plus précisément dans l'expérience du corps propre qui permet au sujet de reconnaître les autres comme des personnes semblables. L'empathie devient ainsi cette disposition qui consiste, pour une conscience, à se mettre à la place d'un autre individu.

Le témoin s'identifie aux pensées et sentiments d'un autre dont il se fait proche, sans se confondre avec lui.

Une sensibilité accrue.

Bien souvent, l'empathie va de pair avec la sensibilité. On parle d'hypersensibilité et d'hyperempathie, ou nommées aujourd'hui de haute sensibilité ou haute empathie. Car dans "hyper"; il y a cette notion de "trop" quelque peu péjorative. Pour la chercheuse Elaine Aron, la sensibilité et l'empathie élevées sont une façon d'être au monde et se caractérisent par un haut niveau de réaction aux stimuli externes, une plus grande profondeur de traitement cognitif et une forte réactivité émotionnelle. 

Les personnes hautement sensibles (environ 30% de la population) sont attentives aux subtilités et aux nuances. Elles sont particulièrement affectées par la douleur, les mauvaises ambiances, l'humeur et la détresse, comme l'explique Saverio Tomasella, docteur en psychologie et fondateur de l'Observatoire de la sensibilité.

L'hyperesthésie est une caractéristique de la haute sensibilité désignant une forte capacité de perception à travers les sens. Les bruits, les lumières, les odeurs, les saveurs, les matières, mais aussi les mouvements et les vibrations sont exacerbés. Quant à l'hyperesthésie relationnelle, elle entraîne une grande susceptibilité et vulnérabilité dans les relations interpersonnelles.

Les hyperesthésiques se disent timides, hésitants, en manque de confiance, tout en étant convaincus de leur valeur morale et intellectuelle. C'est ainsi qu'ils s'isolent souvent du reste du monde, souffrant d'un sentiment d'injustice ou d'incompréhension.

Malgré les ponts existants entre sensibilité et empathie, des études montrent que certaines personnes ultra sensibles manquent d'empathie, au contraire de l'inverse (les personnes ultra empathiques seront toutes hypersensibles.) "Etre ou se déclarer hypersensible n'empêche pas de vouloir dominer les autres, de les mépriser et de les maltraiter. Ce qui est l'exact inverse de l'empathie." précise Tomasella.